Le vert

vert

Les plantes frêles non ligneuses, dont les parties aériennes meurent après la fructification, revendiquent le vert comme couleur primaire.

Au commencement était l’herbe, une lumière froide tubulaire que certains savants inspirés appellent « cordes ».
Une erreur est survenue, un noyau s’est formé.

L’erreur, pour exister, a du se répéter et pour mieux se distinguer, elle s’est scindée en deux antagonismes: une onde jaune brulante et un bleu aquatique originel.

La valériane, l’estragon, le chanvre, le persil, la chélidoine, le salsifis, la luzerne, entretiennent la fable à travers des réseaux herbacés pour ne pas mourir du traitement empoisonné que leur assène la modernité.

Semaine 18

                Du 31 décembre au 6 janvier: Le vert est une couleur primaire

vision

La Montagne Rouge est verte.

Elle est verte à perte de vue. C’est une expression que l’on n’emploie pas à Paris car la vue s’y heurte à la permanence de l’étroitesse et nous fatigue la pensée.

Ici l’immensité verte transcende la diversité et le regard s’abandonne à la vision naradesque.

la terre

extrait du journal de Tovog (novembre 1998)

Nous avons parcouru des terres agricoles qui produisent les aliments que l’on consomme à Paris et loin de la France. Ces territoires, minuscules d’un point de vue productif, auraient pu contenir plusieurs quartiers parisiens et des milliers d’habitants.

En s’approchant (parce qu’on avait le temps) on découvrait à nos pieds des édifices végétaux et caillouteux habités, même défendus par des populations bien plus nombreuses, très différentes les unes des autres comme le gendarme à points noirs sur dos rouge qui pullule sur les troncs de tilleuls et vous regarde fixement, le cloporte du dessous humide des pierres plates, les fausses guêpes, la cicadelle qui propage la flavescence dorée, le papillon du carpocase, les fourmis, plein de fourmis.